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Philosoph'et moi - Episode 2 par Fanny : Rousseau

Dernière mise à jour : 8 nov. 2020

Aujourd’hui, dans Philosoph’et moi, nous retrouvons Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778), écrivain et philosophe genevois francophone, pour échanger sur sa conception de la liberté au regard de notre actualité.

  • Auteur : Fanny Vidal

  • Réalisation : Joe Harms

  • Master : Jean Boroni

Sommes-nous obligés de nous soumettre aux obligations étatiques ? Les contraintes sont-elles inhérentes à notre liberté individuelle ? Comment réconcilier la liberté des citoyens avec l'autorité de l'État ? C’est ce que nous allons découvrir avec Jean-Jacques Rousseau, qui a marqué l’histoire de la philosophie politique.

Il nous faut d’abord dépoussiérer l’image d’un Rousseau scolaire, à laquelle les élèves sont habitués depuis une trentaine d’années ; notre philosophe du jour n’est en effet pas seulement un timide rêveur, lançant des cerises au corsage des filles et replié sur lui-même et sa lassitude. Sa pensée est en effet subversive pour beaucoup de ses concitoyens, voire scandaleuse sur le plan politique puisque certains de ses ouvrages seront interdits. Point intéressant, Rousseau est un autodidacte, n’ayant jamais suivi de cours de philosophie ; ainsi, il peut se permettre d’être critique envers les philosophes de son temps, avec lesquels il a bien souvent des désaccords.


Prenant position notamment contre Hobbes, selon qui la liberté peut s'aliéner parce que la vie est première, Rousseau soutient que la liberté est inaliénable car vie et liberté sont synonymes. De même, alors que chez Hobbes, le peuple est constitué grâce à la terreur qu'exerce sur lui le pouvoir, chez Rousseau, le peuple se constitue grâce à un pacte social qui fonde son unité politique. Il sera en effet le premier à penser que la démocratie est la seule forme légitime d’Etat ; son œuvre Le Contrat social sera d’ailleurs interdite lors de sa publication en 1762 et redécouvert lors de la période révolutionnaire. Le royaliste Charles Maurras voit même en Rousseau l’inspirateur de la Révolution, et Jean Jaurès le considèrera comme le précurseur du socialisme !


Cependant, la reconnaissance de son vivant se fait attendre, et par ses condamnations, à la fois par le Parlement de l’Ancien Régime et par les théologiens, Rousseau est condamné le plus souvent à une vie d’errance, qu’il sublime dans l’œuvre des Confessions (1782) ou Rêveries du promeneur solitaire (1782). Son univers hanté par la rêverie, la contemplation de la nature, la solitude a marqué la littérature, à tel point que Rousseau est généralement considéré comme l'un des précurseurs du romantisme.

Ces déboires ne l’empêchent pas de devenir une source d’inspiration pour les philosophes à venir, notamment pour la philosophie allemande, mais ses idées résonnent dans la société encore bien plus tard, puisque certaines figures de la Beat Génération s’en sont eux aussi inspirés (Allen Ginsberg, Gary Snyder, Stephen Gaskin etc). Rousseau est donc toujours présent dans la contestation sociale, dans les courants alternatifs, politiques et les mouvements écologistes, en bref, les enjeux au cœur de notre société.


Pour en savoir plus sur l’œuvre de Rousseau, je vous recommande tout d’abord « Les Confessions » (1782), où le philosophe nous fait part de ses sentiments et de ses observations personnelles. Concernant sa philosophie de l’Etat, je vous propose de vous pencher sur « Le Contrat social » (1762) ou « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes » (1755). Et pour celles et ceux intéressé-e-s par les questions d’éducation, je vous propose de lire « L’Emile » (1762), qui maintient que l’expérience, les conversations et les découvertes sont les meilleurs atouts intellectuels à offrir à un enfant !

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