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8 milliards en quarantaine, épisode 2 - Embarquement vers les élections

Dernière mise à jour : 18 nov. 2020

Des élections controversées, une crise sanitaire turbulente, une énigme à résoudre : tour d’un monde qui ne tourne plus vraiment rond avec le podcast « 8 milliards en quarantaine ».


Que diriez-vous de prendre un peu de hauteur sur ce monde agité ? De transiter d’un pays à l’autre, survoler les continents et essayer de mieux comprendre ce qui s’y passe ? C’est la mission de « 8 milliards en quarantaine », le podcast qui, en ces temps singuliers, nous invite à voyager au cœur de l’actualité du globe à bord de son avion en quarantaine : alors que Donald Trump continue de sonner le tocsin d’une élection truquée au terme d’un week-end électoral rocambolesque, la crise sanitaire sème partout la panique tambour battant, tandis que l’élevage de visons vire au massacre au Danemark. On vous éclaire sur des situations plus stupéfiantes les unes que les autres.


On écoute ici :

Sur une idée de Sam Aboulaith Ecrit par Laurence Rakoto

Réalisé par Philippe Roiron

Voix : Mélodie Brediin Julien Névot Boris Mélinand

Etats-Unis : des élections américaines qui laissent sans voix


Plus de 70 millions de voix dans l’escarcelle du camp démocrate, des promesses de rassemblement, et voilà Joe Biden dans une position qui a tous les atouts nécessaires pour dérouter et irriter le président sortant Trump. Pendant que le revers républicain devient presque irréversible malgré les contestations, Donald Trump n’a pas fini de faire comprendre à l'ensemble de la planète que le mot « défaite » n'a jamais fait partie de son vocabulaire. Un mot qu’il exècre par-dessus tout, à en croire ses propos méfiants à l’heure où les résultats se faisaient encore attendre en fin de semaine dernière : « Si vous comptez les votes légaux je gagne, si vous comptez les illégaux, ils volent les élections ». A mesure que les opérations de dépouillement en justice deviennent l’ultime préoccupation de Trump désormais au bord du gouffre, il faut bien admettre que le futur ancien locataire de la Maison Blanche pourrait se retrouver en mauvaise posture financière si ses recours ne l’amènent pas à ses fins.


A juste titre, les poursuites judiciaires esquivées au cours de son mandat, associées à une absence totale de paiement d’impôts de la part de sa femme Melania Trump, pourraient plonger l’homme politique dans une situation sans appel. Une situation financière qui serait insolite pour celui ayant dit en 1991, lors d’un entretien accordé à Paris Match : « A New York, dans les affaires, j’ai été champion du monde poids lourds pendant douze ans ». Aujourd’hui, il chercherait avant tout à éviter que la ruine le fasse tomber chez les poids légers. Un spectre de décadence qui nous éloigne lourdement du temps où Trump, goguenard, envoyait valser un journaliste l’interrogeant sur la stabilité financière de ses casinos à Atlanta City.

L’élection américaine 2020, stratosphérique par ses multiples rebondissements, a accordé une importance toute particulière aux chiffres. Pandémie de Coronavirus oblige, certaines données sinistres et parfois peu réalistes ont témoigné de l’impact du fléau sanitaire sur les discours, à l’instar de cette déclaration de Biden en septembre dernier : « On estime que 200 millions de personnes mourront du Covid-19 au moment où j’aurai fini ce discours ». Un usage des chiffres légèrement fantaisiste, tout de même.


Toujours est-il que les défis cruciaux en matière de santé n’auront jamais été pris sur le même tempo par les deux candidats, entre Joe Biden alarmiste et Donald Trump fervent défenseur de l’insouciance, face à un virus inédit. En pleine crise sanitaire, l’opposition entre Trump et Biden aura aussi mis en lumière l’intérêt curieux et inlassable que nous portons aux chiffres, qu’il s’agisse d’un triste nombre de cas recensés, ou d’une quantité de bulletins obtenus : chaque donnée est sujette à une controverse. Ceci dit, que les Américains se rassurent : en dépit du flou général dans lequel fut plongée l’élection américaine, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs…


Comores et Côte d’Ivoire : quand le scrutin rime avec révolte et corruption


Nous sommes en 1999, aux Comores, archipel d’environ 1 million d’habitants situé dans l’océan Indien. A l’issue d’un coup d’Etat, Azali Assoumani (voir photo ci-dessous) prend le pouvoir. Dix-sept ans plus tard (2016), on prend le même et on recommence : Assoumani remporte l’élection présidentielle, et obtient à nouveau les rênes du pays. Jamais deux sans trois, dira-t-on, si bien que l’ex-putschiste brigue un troisième mandat en 2019, faisant table rase d’une loi fondamentale qui interdisait jusque-là une troisième élection à la présidence du pays. Dès lors, on s’interrogera sur le rapport entre les élections américaines et celles d’un archipel comptant parmi les plus pauvres au monde : sur quel pilier pouvons-nous rapprocher la première puissance économique mondiale à un modeste archipel luttant ardemment contre la pauvreté ? La réponse est simple : dans les deux cas, les élections ont été reliées à des soupçons de corruption. L’un des exemples le plus criant fut celui de la détention de Ahmed Abdallah Sambi. Ancien président de l’Union des Comores et opposant de Assoumani, il fut accusé de « trouble à l’ordre public » (notamment pour des détournements de fonds). Placé en résidence surveillée, le captif qualifiera cette situation de « séquestration », tandis que cette injustice humaine n’a fait qu’amplifier les soupçons d’une dictature exponentielle.


«Un rapport fantaisiste, qui énonce des faits sans jamais les prouver, mais suffisant pour justifier mon placement en détention provisoire »
(Ahmed Abdallah Sambi, suite à l’accusation d’un détournement de 135 millions d’euros durant ses fonctions – 2018).

Le président des Comores assoie son emprise sur l’échiquier politique local, pouvant de ce fait maintenir la stabilité de son pouvoir. Si certains ont dénoncé la détention abusive de Sambi, il reste toutefois indéniable que cette situation oppressante a conforté la figure de chef d’état tyrannique d’Assoumani. En 2019, il rafle ainsi la présidentielle comorienne avec un score de 60,77% des suffrages, et, dans son sillage, des fraudes dénoncées par les douze autres candidats de l’opposition. Vous avez dit « soupçon » ? Alors que dire de cet autre chiffre ? 94,27%. Encore plus vertigineux que celui obtenu par Assoumani aux Comores, il est le nombre de voix acquises par Alassane Ouattara (photo ci-jointe) qui, samedi dernier, a été élu pour un troisième mandat présidentiel en Côte d’Ivoire.


Le score n’est pas anodin, et reflète une illégitimité au regard de certains : deux opposants avaient même demandé un boycott du vote, et le taux de participation a été excessivement bas (environ 8%). Ouattara avait toutes les cartes en main pour faire cavalier seul, d’autant plus qu’il a tiré bénéfice des avantages d’une nouvelle Constitution, ayant effacé la limite précédente fixée à deux mandats au maximum. De plus, le fer de lance de sa campagne fut son bilan économique des dernières années : une augmentation prometteuse de 7 à 8% du PIB par an, qu’il n’a cessé de mettre en avant. En parallèle, des troubles violents et des détériorations de bureaux ont installé un climat bien délétère durant le scrutin. Ironie du sort : le président ivoirien Ouattara avait affirmé en 2019 vouloir « laisser sa place à une nouvelle génération ». Chasser le naturel, il revient au galop : l’appel irrésistible du pouvoir l’a finalement rattrapé. La question d’une paix retrouvée reste prépondérante aux yeux du chef de l’Etat ivoirien face à la violence des conflits montant crescendo : « Nous souhaitons que tout ça puisse s’arrêter, pour que le pays continue le progrès ».


Danemark : la chasse aux visons

Notre petit tour d’horizon se poursuit en Europe, où les associations de défense des animaux vont devoir âprement mettre de l’eau à leur vin, après la décision radicale du Danemark d’abattre des millions de visons, découverts depuis peu comme des porteurs d’une mutation du Coronavirus.

Cette mutation peut toucher l’Homme. Sans l’ombre d’un doute, les images sont difficiles à soutenir. La première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, a mis en relief l’importance sanitaire mondiale de cette décision délicate jeudi 5 novembre : « Les yeux du monde sont fixés sur nous ». Un scénario lourd, certes, mais qui nous rappelle que 75% des maladies émergentes humaines sont dites « d’origine animale ». Comble de l’absurde, on notera que le Danemark est le premier exportateur mondial de peaux de visons, mais qu’il est également l’un des pays d’Europe qui résiste le mieux au Coronavirus. Les animalistes eux, garderont cette décision sanitaire danoise en travers de la gorge. Des mesures pour interdire l’industrie de la fourrure avaient déjà été signalées dans plusieurs pays européens. Avec les millions de visons qui vont être abattus, cette demande d’interdiction des animalistes ressemble à une résolution utopique.

Russie : diagnostiqué d’une pancréatite, le résistant Navalny n’a toujours pas la boule au ventre

En parlant de résistance, mais pas de celle invoquée face au Covid-19 cette fois, le nom d’Alexeï Navalny nous vient tout naturellement à l’esprit. L’opposant au Kremlin, qui vient de féliciter le président élu américain Biden (contrastant avec le silence de Vladimir Poutine), avait été la victime d’un empoisonnement au mois

d’août dernier au cours d'un vol en Russie, le laissant dans un état grave. Navalny, qui n’a cessé d’accuser le président russe pour cet empoisonnement, reste un obstacle majeur pour les partisans de Vladimir Poutine. Dénonçant ces derniers de « voleurs et d’escrocs », l’opposant politique, a priori gravement malade à cause d’un poison neurotoxique du nom de Novitchok, a finalement été diagnostiqué d’une pancréatite par la police russe. Un diagnostic auquel le militant politique ne croit pas, persuadé de la culpabilité des autorités russes. La Russie n’est d’ailleurs pas la seule nation impliquée dans cette affaire mystérieuse : l’Allemagne, ayant accueilli Navalny dans un hôpital berlinois suite à son intoxication, est intrinsèquement liée à la situation. De fil en aiguille, un clivage tranchant s’est installé entre les deux pays. Début septembre, la chancelière allemande Angela Merkel soutenait inflexiblement la piste de l’empoisonnement, avec, à l’appui, les examens des médecins berlinois. Du côté du Kremlin, on accusait les autorités allemandes de retarder une enquête lourde, par un manque de coopération. Les tensions entre Allemands et Russes, elles, s’exacerbent, au cœur d’une affaire énigmatique. Toutefois, un son de cloche réprobateur résonnait dans les rangs de l’UE il y a moins d’un mois : « Il est raisonnable de conclure que l'empoisonnement d'Alexeï Navalny n'a été possible qu'avec le consentement de l'administration présidentielle » (Journal officiel de l’UE - 15 octobre 2020).


Interview Alexeï Navalny – octobre 2020 :


Concernant la situation sanitaire, aux dernières nouvelles, la Russie écarte toujours la possibilité d’un confinement. Une décision nettement différente de celle que nous connaissons chez nous à l’heure actuelle…


France : l’école se désole


Dans l’Hexagone, autorisations de sorties et masques sont devenus des parts entières du quotidien. Mais, en matière d’éducation scolaire, les établissements résistent-ils encore et toujours à l’envahisseur épidémique ? Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, conscient des critiques inhérentes à ses décisions, a récemment fait part de son intention d’encourager les cours en présentiel dans la mesure du possible : « Quoique vous fassiez, il y aura toujours l’argument vous demandant pourquoi vous ne faites pas autrement. Nous voulons que les lycéens aient cours, mais il y a la possibilité de faire des demi-groupes. Je ne l’encourage pas […] car il ne faut pas perdre le fil scolaire ». Un fil scolaire fortement détérioré au cours de ces dernières semaines. La conviction que le virus circule moins dans les écoles primaires appelle de plus en plus à l’incrédulité. Le temps de la fameuse « tenue républicaine », terme utilisé par le ministre pour décrire la tenue correcte à adopter dans les écoles, semble aujourd’hui révolu, à l’heure où les cours à distance risquent de se multiplier. Mardi 10 novembre, la grève sanitaire dans les collèges et lycées montre que le point de rupture pour les enseignants n’est plus si loin. On ajoutera à cela que de nombreux parents s’inquiètent désormais d’un potentiel retour de l’école à la maison, qui ne viendrait qu’accentuer les difficultés déjà rencontrées par ces derniers. Dans certains lycées, le protocole sanitaire est une illusion, et la distanciation sociale inexistante.


Doc CNEWS : Coronavirus- l’inquiétude des lycéens (9/11/2020)

Et pour continuer à survoler avec espièglerie ce monde atypique qui a coutume de nous donner bien des vertiges et de nous fasciner, rendez-vous avec le podcast « 8 Milliards en quarantaine », pour un voyage empli de stupéfaction.


Auteur : Rayane Beyly

Sources photos:

-www.mariannes.net

-www.financialafrik.com


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