Aujourd'hui, sur les Muses de Paris, nous vous proposons de converser avec
Gaston Bachelard (1884 - 1962) philosophe de la poésie, de l'éducation mais aussi de la science puisque sa première formation est celle de physicien. Il interrogera d'ailleurs tout au long de sa vie le rapport entre science, littérature et philosophie, que nous pourrions définir comme le rapport entre la rationalité et l'imaginaire. De par ses diverses réflexions,
Gaston Bachelard a été l'un de ces intellectuels qu'il est impossible de classer dans une
catégorie.
Auteur : Fanny
Invité : Gaston Bachelard
Montage/Mixage : Camille
Une leçon de rêverie sur nos espaces intimes
Ici, nous avons souhaité échanger avec lui sur la poésie et la rêverie, plus particulièrement sur les espaces dans lesquels nous sommes confinés, actualité oblige. Loin de penser que la demeure est une prison, Gaston Bachelard nous explique dans son ouvrage « La Poétique de l'espace » (1957), que « l’image de la maison est la topographie de notre être intime » . En apprenant à habiter dans une maison, nous apprenons à habiter en nous-mêmes. Les espaces de la maison sont en nous,
comme nous sommes en eux. Il compare ainsi le foyer à un nid ou une coquille. Symboliquement, la maison est alors le lieu où la vie se crée et où elle se réfugie.
Espaces d’une maison, espaces aimés
Gaston Bachelard détaille ainsi notre foyer de la cave au grenier en passant par les
chambres, la bibliothèque, les coins et les recoins, les tiroirs, les portes et les armoires.
Notre maison, plus qu'un paysage, est un état d'âme, un véritable ethos qui fait écho à
notre façon d'être au monde. Elle signifie l'être intérieur : ses étages, sa cave et son
grenier symbolisent pour le philosophe divers états d'âmes. La cave correspond
notamment à l'inconscient, le grenier à l'élévation spirituelle, le toit à notre conscience.
Des objets lourds de sens.
Au-delà des pièces et des différents « territoires » propres à la maison, les objets jouent un rôle primordial dans notre bien-être et dans notre rêverie.
Gaston Bachelard accorde notamment un sens particulier aux armoires, aux tiroirs et aux coffres, lesquels, symboliquement, sont gardiens de secrets et de trésors. Ils constituent d'ailleurs une métaphore de ce que nous gardons précieusement dans un coin de notre esprit. Ainsi, de la poésie créatrice du grenier à la coquille protectrice de la chambre, nous pouvons nous demander si l'isolation temporaire de l'espace social n'est pas finalement nécessaire pour mieux nous ouvrir vers l'extérieur et s'engager dans le monde ?
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