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Interview de Julie Gourhant : « Toute rencontre peut devenir un bon sujet de podcast ! »

Dernière mise à jour : 24 déc. 2020

Elle avoue aimer travailler à l’arrache, sur son téléphone, faire toute seule ses photos, saisir l’instant et esquisser les portraits des personnes qui l’inspirent sur le vif. Elle, c’est Julie Gourhant, qui, depuis presque deux ans déjà, parcourt au volant de sa Mini les banlieues parisiennes à la recherche de tous ceux qui façonnent chacun à sa manière le nouveau visage de la région Ile-de-France. Nous avons voulu en savoir plus sur Julie et ses émissions de podcasts, « Le Grand Paris vu de ma Mini ». Interview par téléphone (confinement oblige).

Par Elena Giannakou-Fèvre


Les Muses de Paris : Racontez-nous, comment vous est venue cette idée de podcast ? Partir à la rencontre des gens à bord de votre voiture, une MIni… Personnellement, je trouve ce concept très original !


Julie Gourhant : Enfant déjà, j’étais fan de la Mini Cooper, il y a toujours eu une Mini dans ma vie… Pour la petite histoire, mes parents en avaient chacun une quand ils se sont rencontrés, et j’ai toujours aimé cette voiture. Pour mes 40 ans, je m’en suis acheté une comme cadeau d’anniversaire, elle est finalement devenue ma marque de fabrique… A l'époque où je l’ai achetée, je m'occupais du compte Instagram du site Enlarge your Paris (1). Comme je sillonnais de long en large l’Ile-de-France, ils ont décidé de me confier une rubrique. « Le Grand Paris vu de ma Mini » est né, je partais donc en voiture faire des reportages photos.

Du reportage photos au podcast, il y a plus qu’un pas…

Un jour, un copain m’a proposé de faire des podcasts, je dois avouer que je ne savais même pas ce que c'était le podcast, et au départ, je n’en avais pas trop envie. Finalement, l’idée a commencé à faire son chemin : j'ai imaginé une émission avec un générique que je faisais moi-même ; j’ai imaginé une émission avec une ligne éditoriale correspondant à mes principes… Je me suis lancée, et ça a marché ! Je n’en vis pas pour l’instant, j’ai un autre travail à côté (Julie est responsable de réseaux sociaux et de communication digitale, ndlr), mais je dois dire que je m'éclate. Je suis d’un tempérament curieux, et comme j'habite en banlieue depuis dix ans, c’est aussi un bon moyen de faire des rencontres et de mettre en lumière à mon échelle les gens qui m'entourent.


LMDP : je suppose que chaque rencontre en provoque une nouvelle ?


JG : Exactement ! C’est mon cœur qui parle, il n'y a pas de réflexion marketing derrière, j’y vais juste avec mon téléphone et j’enregistre les paroles de gens, ce qui m'intéresse est de produire une émission sur le vif… Je peux faire des podcasts n'importe quand, et tout peut devenir un bon sujet. Au bout de presque deux ans, j'ai réussi à avoir une petite communauté, et c’est chouette parce que je garde le contact avec tous ceux que j’ai rencontrés et avec qui j’ai passé un super moment… On arrive à se revoir, ça crée des liens, je suis au courant de ce qu'ils deviennent. C’est ce que je recherche avec mes podcasts, des vraies rencontres.


LMDP : en mars, pendant le premier confinement, vous avez même fait avec eux des apéros en ligne !


JG : tout à fait ! Pendant les deux mois d’enfermement, j’ai voulu revoir tous ceux que j’avais déjà interviewés, Aimé, Justine, Louis, Annabelle, Sandrine… On a pris l’apéro ensemble en ligne, et mes émissions ont été diffusées en direct à la radio (2). Ça a été entre autres l’occasion de savoir comment ils vivaient cette situation complètement inédite et de garder le lien avec eux… un super souvenir !


LMDP : comment choisissez-vous qui interviewer ? Au hasard de vos rencontres ?


JG : Cela dépend. Souvent, je regarde ce qui se passe sur Facebook et si ça m’inspire. Alexandrine, par exemple, l’artiste qui dessine des portraits en vidéo (et que j’ai mise en ligne la semaine dernière), je l’ai découverte grâce à Facebook. Ensuite, je l'ai appelée, et elle a accepté de me parler. A la fin de l’entretien, elle m'a parlé en off d’un de ses amis dont le travail est également intéressant à traiter, et là du coup, c’est plutôt le principe du bouche-à-oreille.


Retrouvez l'épisode ici :


LMDP : Culture, création, innovation, société, écologie… Avez-vous des domaines de prédilection ? Etes-vous sensible à un domaine en particulier ?


JG : A la base, je devais rester dans le périmètre de la culture, mais à l’arrivée, j’ai eu aussi envie de parler de ces femmes et ces hommes dont la façon de vivre m’interpelle : un compositeur, une accordéoniste, une artiste peintre, un urbaniste, une boulangère, une créatrice d’objets, un RH pas comme les autres… Honnêtement, ce qui m’intéresse, c'est les parcours de vie, les parcours inspirants. Je me laisse porter par mes inspirations, je suis confiante dans ce qui doit arriver, souvent ça marche ! C’est dans ce même esprit que je fais mes « hors-séries » à l’étranger.


LMPD : C’est-à-dire ?


JG : Je choisis une destination au hasard, je prends le bus à Paris-Bercy (dans le 12e) et je pars seule à l’aventure – ma dernière visite était Prague. Je loue un Airbnb, et là, tout commence : je me promène dans la ville, en étant toujours en alerte, et de mes rencontres au hasard, j’arrive à faire des émissions (3). Je découvre des figures locales extraordinaires, des bonnes surprises, un disquaire, un artiste ou un fleuriste.


LMPD : Justement, quelle a été votre plus belle surprise, votre podcast le plus inattendu, le plus fou ?


Il y a quelque temps, en faisant un reportage sur les banlieues en pleine mutation, je me suis retrouvée à Aubervilliers dans une soirée des arts de la rue des cités organisée à la Villa Mais D’ici (une résidence d’artistes) et animée par les rappeurs du quartier. J’y ai enregistré une émission spéciale, non-stop de 20 heures à 2 heures du matin, où j’ai voulu donner la parole à plein d’artistes, des musiciens, des fabricants de casquettes… Il y avait une telle énergie, j’ai été impressionnée par ces jeunes qui ont autant la pêche et l’envie. Quelle soirée inoubliable !


LMDP : J’ai l’impression que vous aimez découvrir des endroits uniques, multiculturels… Avez-vous déjà vécu des expériences négatives ? Vous arrivez vraiment à vous introduire partout, sans aucune difficulté ?


JG : Je n’ose pas encore m’aventurer dans des quartiers compliqués, mais je ne pense pas qu’il existe des endroits « interdits », même à une femme reporter comme moi ; je crois qu’il suffit juste de connaître les bonnes personnes, celles qui peuvent vous ouvrir les portes. Par exemple, je n’ai pas pour l’instant les bonnes connexions pour aller dans l’Ouest parisien Mais bon, l’Ile-de-France est immense, il y a tellement de sujets à traiter, et je pense honnêtement qu’on peut parler de tout : que ce soit des artistes qui l’année dernière ont investi la cité Gagarine à Ivry-sur-Seine avant sa démolition ou de la gigantesque fresque réalisée cet été par JR et Ladj Ly aux Bosquets, à Montfermeil… Quand il n'y a pas d'animosité, quand il y a de la bienveillance, il y a toujours un moyen de communiquer. C’est pour cela que, pour l’instant, je n’ai jamais eu de mauvaise expérience et que rien ne m’arrête !


LMDP : Ne trouvez-vous pas que le changement est palpable, que la vie en banlieue offre davantage d’activités artistiques et associatives que Paris intra-muros ?


JG : Il est vrai que les habitants de la banlieue comme moi ressentent de moins en moins le besoin de « traverser le périphérique », surtout en cette année de pandémie, où on a l’impression que Paris est une ville-musée sans touristes. En banlieue, le confinement ne change pas grand-chose parce que, même en temps normal, il n’y a pas de touristes (ou très peu). Il n’y a plus cette notion de « villes-dortoirs » comme avant. Les banlieues sont de plus en plus peuplées par des jeunes actifs qui recherchent cette qualité de vie presque inatteignable à Paris même : un logement plus abordable, de l’espace, un esprit associatif et culturel, des relations humaines – certains quartiers sont comme des grands villages, j’adore ça !


LMDP : Vous pensez alors que l’heure de la fin du périphérique et du clivage Paris/banlieue est enfin arrivée ?


JG : Je trouve que le périph’ est moins présent qu'avant, on sent que ça glisse davantage, que la circulation devient plus fluide – entre Paris et la proche banlieue en tout cas. Des immeubles qui font le lien ont été construits, des pistes cyclables ont été aménagées sous le périphérique… c’est moins le no man's land ou « l’entre-deux », c’est moins la fracture. Ce nouveau « raccord » se fait tout doucement, le travail n’est pas fini. Il y a, et il y aura toujours, les irréductibles qui ne mettront jamais un pied de l’autre côté du périph’, mais les comportements et les mentalités changent, j’en suis persuadée. Et je suis heureuse d’y contribuer à ma petite échelle (4).


"Le Grand Paris vu de ma Mini" - Episodes :

(1) Enlarge your Paris, site de presse et média consacré à la culture et aux initiatives écologiques et sociétales dans le Grand Paris. https://www.enlargeyourparis.fr

(2) Sur notre radio Les Muses de Paris et sur Mon Paris Fm https://www.monparisfm.com

(3) A écouter : les hors-séries de Julie en voyage à l’étranger : deux émissions tournées à Tanger (Maroc), une émission à Prague (République tchèque), une autre à Den Haag (Hollande).

(4) Retrouvez Julie et « Le Grand Paris vu de ma Mini » sur notre site,

https://www.lesmusesdeparis.fr

Et aussi sur Apple Podcasts, Spotify,

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